Animaux de boucherie Enchères décalées

Les ventes aux enchères d’animaux de boucherie font désormais partie du spectacle offert aux visiteurs du Salon de l’agriculture. Le 24 février 2020, jour de relâche des bouchers, elles avaient lieu dans les quatre coins du hall 1.

Du côté des bovins, la race limousine fait figure de pionnière. Pour la quinzième édition des enchères, onze vaches et génisses labellisables ont été sélectionnées. Elles se sont vendues 9 100 € en moyenne. 2 100 € séparent le prix le plus bas (8 100 €) du plus élevé (10 200 €). Michel Robert, restaurateur à Limoges, a remporté le record de cette année, loin des 20 100 € atteints il y a six ans.

En blonde d’Aquitaine, les prix des cinq femelles proposées se sont envolés. Jacinthe, a été adjugée 26,20 €/kg de carcasse. « Nous ne gagnons rien sur la vente de l’animal », confiait un boucher acheteur. La plaque dans les boucheries participe à la promotion des produits.

Cette année, des ventes interrace ont été organisées en ovins et porcins (lire ci-dessous). « L’objectif est la promotion des agneaux sous signes officiels de qualité dans les boucheries, explique Jean-Paul Rault, président de l’OES (1) Mouton vendéen. C’est aussi un moyen d’orienter la génétique en fonction des attentes de la filière. »

Des prix bas à la ferme

Ces prix ne sont pas nets pour les éleveurs. « Les frais engagés à Paris le temps du Salon sont élevés », rappelait un producteur. Les tarifs cachent la réalité du terrain.

Guy Bourbouloux, éleveur sélectionneur de bovins limousins à Saint-Ybard, en Corrèze, a interpellé le président de la République le 21 février à ce propos. « En 1992, mes vaches pesaient 440 kg de carcasse en moyenne, a-t-il expliqué. Je les vendais 4,60 €/kg de carcasse en moyenne. En 2019, elles pesaient 530 kg de carcasse, et elles étaient commercialisées 4,40 €/kg de carcasse. Aujourd’hui, la grande distribution ne veut plus des grosses carcasses. Nous n’avons plus de leviers. »

M.-F. Malterre

(1) Organisme et entreprise de sélection.